A l'heure où Loco-Revue fait à nouveau sa mue et se présente à vous sous sa nouvelle "peau", me revient en mémoire la première "mue" que j'ai vécue, alors que j'étais moi-même rédacteur en chef de Loco-Revue et que je me préparais à reprendre la direction de l'entreprise. Les illustrations sont issues des numéros disponibles sur le site archives.lrpresse.com, où vous pouvez retrouver la quasi intégralité des magazines publiés par LR PRESSE, depuis l'origine de Loco-Revue.
Publicité parue dans le numéro 552 |
Nous sommes en Octobre 1992 et la mue se prépare déjà depuis avant l'été. A l'époque, la mise en page du magazine est encore "à l'ancienne". Il faut deux maquettistes, une opératrice de saisie, de la colle, des ciseaux, du papier, un banc de reproduction et quelques étapes : une fois un article reçu, relu et validé par le rédacteur en chef ou le chef de rubrique, l'opératrice saisie le texte dans la forme voulue et le transmet aux graphistes. Le texte est alors découpé en bandes de papier, et collé dans un gabarit de mise en page, sur lequel on a "réservé" l'emplacement des photos. Celles-ci, souvent encore du noir et blanc, sont "photocopiées" sur un banc de reproduction qui permet de les mettre exactement à la dimension voulue, et cette photocopie est à son tour découpée et collée à l'emplacement souhaité. Une fois que tous les articles ont été ainsi traités, la maquette est transmise à l'imprimeur, avec les documents originaux, pour qu'il puisse réaliser la mise en forme en suivant les instructions de la maquette…
Autant dire que c'est long, fastidieux, et que cela laisse peu de place à la fantaisie. Heureusement, l'ordinateur commence à faire son apparition et va révolutionner le travail des graphistes. Aux éditions Loco-Revue (qui ne s'appellent pas encore LR PRESSE), on a commencé timidement avec un PC, puis un premier apple mac intosh Quadra 700. Et au vu des perspectives incroyables qui s'ouvrent tout à coup, décision est prise d'investir et d'équiper chaque membre de l'équipe d'un ordinateur. Les rédacteurs vont être équipé de petits mac "classic", suffisants pour le traitement de texte, tandis que les graphistes et le dessinateur reçoivent des "Quadra" 700 et 900, avec un écran de 21", "énormes" pour l'époque.
Le mac classic II |
La station de travail pour les graphistes |
Pour accompagner ce gros investissement, il est nécessaire de former des personnes qui n'avaient auparavant jamais vu un ordinateur de leur vie (inimaginable aujourd'hui, du moins pour les plus jeunes d'entre nous), et de leur apprendre à réaliser la mise en page de leur magazine électroniquement. Nous faisons appel à une équipe de formateurs parisiens, graphistes eux aussi, pour cela, de l'agence Pyramid, et il est pris deux décisions : faire coller la présentation à "l'air du temps", autrement dit, la moderniser, et devenir "tout couleur", ce qui peut paraître étrange aujourd'hui, mais n'allait pas de soi à l'époque, pour des questions de coût.
Loco-Revue 551, septembre 1992 (issu du site archives.lrpresse.com) |
Le numéro 553 est donc le premier à proposer un vrai logo (une roue de locomotive à vapeur stylisée), une grande photo libre de tout texte, lequel texte, les titres, est renvoyé autour de la photo, sur un élégant fond noir avec des filets rouges. A l'intérieur, des filets bleus doivent renforcer la lisibilité en rattachant chaque légende à la photo concernée. Il est le résultat de mois de travail, de réflexion, de "négociations" avec les formateurs, graphistes de talent qui ont travaillé pour de grands médias tels que le journal Libération et nous impressionnent un peu nous, petits provinciaux peu expérimentés. Pour nous, il symbolise l'avènement d'une nouvelle ère et veut conquérir une nouvelle catégorie de lecteurs, plus jeunes, plus ouverts à la modernité, en lien avec l'époque.
L'édito du n° 553 (p. 15 sur le site archives.lrpresse.com) |
Dans l'édito de ce numéro, j'écris : "le monde évolue, le train change et le modélisme connaîtra lui aussi des mutations profondes." Et j'imagine que le XXIème siècle verra l'avènement de l'ordinateur qui deviendra aussi familier au modéliste qu'une alimentation stabilisée d'alors (qui sait encore aujourd'hui ce qu'est une alimentation stabilisée).
Visionnaire sans doute. Ce que je n'imagine pas, par contre, c'est la volée de bois vert qui suivra la sortie de cette nouvelle formule, administrée par des lecteurs très remontés contre la couverture en deuil (fond noir) ou "les poutres" (filets bleus) qui défigurent les photos !
Loco-Revue 886, Mai 2021 |
La nouvelle formule "2021" de Loco-Revue ne porte pas moins d'ambitions que celle de 1992 : s'ouvrir à un public plus large en lui proposant un magazine plus beau, plus riche, avec des photos plus grandes et une meilleure lisibilité, à même d'attirer un lectorat plus jeune, qui se laissera séduire par une présentation mettant en valeur toute la créativité et l'inventivité du modélisme ferroviaire et dont la prise en main ne laisse pas indifférent.