Des goûts et des couleurs !


Phase 4 du projet « La réalisation » / Etape 7


Le ciel est forcément bleu, la terre évidemment marron et l’eau naturellement verte… A l’heure de mettre en couleurs notre paysage, l’inquiétude monte : les séances d’observation de la nature, les multiples photos disponibles, les conseils… Tout cela ne servirait donc à rien ? Nous sommes en danger et les élèves sont fâchés : je leur ai dit que le réseau ressemblait désormais à un gros gâteau au chocolat oublié dans la vitrine du pâtissier…




Fâchés et vexés. Comme nous, d’ailleurs. Comment en sommes-nous arrivés là ? Il y a les habitudes ancrées : le sol est marron, toujours marron, y compris les rochers. Le ciel est bleu, toujours bleu… Depuis la petite enfance, il en est ainsi et les outils scolaires de mise en couleur n’incitent qu’à cela : gouaches, feutres aux couleurs primaires et franches… Il ne faut pas chercher dans la nuance ! Ce n’est pourtant pas faute d’essayer : Nathalie leur fait régulièrement découvrir le lavis, l’aquarelle, l’estompe… Mais à l’heure de colorer notre réseau, c’est la gouache grassement barbouillée qui l’emporte. Fort heureusement, les rails étaient protégés ! 


 









Amélie et Esly, responsable des montagnes font triste mine : elles ont patiemment moulé des rochers à l’aide des moules en silicone Woodland Scenics, les fins détails obtenus ont disparu sous les couches de gouache. Il va falloir décaper, nettoyer… Nathalie arrive à sauver le fond de ciel : de légers nuages estivaux apparaissent, le bleu si bleu s’estompe. Pour le lac, nous avions en référence photographique le lac des Olivettes près de Béziers. Comme son nom pourrait l’indiquer, il est vert comme le sont souvent les lacs artificiels et profonds. Il restera donc vert, bien vert ! Certains élèves ont de plus joué les têtus : les mises en garde, les conseils (diluer la peinture…) n’ont eu aucun effet et ils ont réussi à entrainer d’autres élèves plus dociles.

 Je m’interroge sur les finalités de ce réseau : est-ce le « petit monde » des élèves et dans ce cas je ne peux que m’incliner devant leurs choix ou est-ce « mon » petit monde que je rêve voir devenir réalité ? Tout n’est pas perdu, loin s’en faut… Aujourd’hui, nous commençons à floquer les sols et les sourires réapparaissent. Mais la leçon est réelle : il n’est pas encore possible de laisser totalement carte blanche aux élèves et l’observation de la réalité reste un passage permanent et obligé. Comme le peintre qui pose son chevalet au milieu de son sujet, nous aurions dû sortir le réseau en campagne, le mettre en point focal… A méditer pour une future maquette !
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