Phase 1 du projet « De la découverte au rêve »/ Etape 4
Un rapide sondage auprès des élèves de l’ULIS m’a permis de
savoir que plusieurs élèves n’avaient jamais pris le train et que d’autres en
ont une image très floue même si Amélie nous raconte en long et en large le
voyage scolaire en train avec son ancienne école et Seyma ses déplacements avec
les jolis trams de Montpellier. Si on veut faire du modélisme, il va falloir
rencontrer et observer la réalité ; la « vraie vie » comme je
leur dis souvent. Il est temps de préparer notre voyage en train !
L’expédition ferroviaire sera brève mais bien remplie. Un
aller-retour à la journée entre Béziers et Bédarieux, tronçon sud de la célèbre
ligne des Causses (Béziers-Neussargues-Clermont-Ferrand). J’ai presque vidé le
présentoir des fichets horaires de la ligne et nous voilà avec une belle leçon
sur la mesure du temps : « sachant qu’il faut 20 minutes pour aller à
pied à la gare, quel train pouvons-vous prendre… » ! Un fichet
horaire n’est rien de plus qu’un tableau à double entrée. Complexe, certes… La
trame horaire n’est pas bien large : l’Intercités pour l’aller et un TER
au retour. Certains élèves ont vu la publicité pour les TER à 1 € et ont du mal
à comprendre que ce tarif n’est pas valable pour tous les trains. Je distribue
le document d’information et d’autorisation aux familles, chacun ramène au plus
vite la signature-sésame et la somme demandée.
Lundi matin, jour du grand voyage ! La
« descente » de l’école à la gare se fait au pas de course. Nous
achetons les billets au distributeur, les glissons dans le composteur, lisons
le tableau d’affichage des départs. Sur le quai, je suis déçu : le bel
autorail X 73500 Languedoc-Roussillon est aujourd’hui remplacé par une Z2
taguée. Je pensais apporter ensuite en classe le modèle Jouef, c’est raté. Photo
souvenir, embarquement. Ceux qui prennent le train pour la première fois
cherchent les ceintures de sécurité. Je m’éclipse pour discuter avec le
conducteur. Il est OK mais après le départ. Chut ! Surprise… L’automotrice
s’élance, les élèves reconnaissent les différents centres commerciaux que nous
longeons puis nous sommes dans les vignes. Peu à peu la ligne change, c’est
presque la montagne.
Le contrôleur vient chercher les élèves : deux par
deux, ils vont passer quelques minutes dans la cabine de conduite avec beaucoup
de questions. Est-ce facile d’apprendre à conduire des trains ? A quoi
servent le « volant » et tous les boutons ?... Mais sur cette
ligne aux nombreux tunnels et passages non gardés, le sifflet est sollicité.
Aujourd’hui, les coups de sifflet ne seront pas tous réglementaires !
En
gare de Bédarieux et une fois la Z2 repartie, nous observons notre
environnement : la voie et ses composantes (grosse interrogation sur ces gros
câbles qui sont boulonnés au rail), la marquise, la signalétique, les
différents bureaux. Discussion avec l’agent commercial qui explique son
travail. Nous pouvons enfin nous échapper dans la campagne toute proche : nous
devons faire une récolte de branchettes pour les arbres de notre futur
réseau ! Retour à la gare pour observer un train de travaux : un
couvert (le même que notre modèle réduit), un wagon-bungalow et un drôle
d’engin, une régaleuse ! Les questions sont toujours nombreuses : le
ballast les étonne, les signaux aussi (ils remarquent que le rouge et le vert
n’ont pas la même teinte que les feux routiers), la caténaire se doit d’être
expliquée. Le voyage retour sera bien plus calme. La fatigue…
Question attendue de Seyma : «pourquoi on a inventé le
train ? ». Elle a trouvé
elle-même la première des réponses possibles : il a été inventé avant les
camions et les voitures. Avec notre ovale de voie HO, un wagon et une
pichenette, je leur ai fait deviner la deuxième réponse : les frottements
limités d’une roue « en fer » sur des rails « en fer » (que
l’on a comparé, de manière totalement empirique je l’avoue, avec une voiture
miniature roulant sur une table). Saurez-vous, comme eux, trouver la troisième
réponse possible ?
Conséquence inattendue de cette journée : nous allons
un après-midi par semaine sur un stade longé par la ligne « Transversale
Sud » entre Béziers et Narbonne. Nos activités sportives doivent
dorénavant se plier à de nombreux arrêts de jeu pour observer le passage des
trains qui se succèdent à distance de block : TGV, TER, Intercités, longues
rames Fret de différents opérateurs et même trains jaunes de l’Infra !